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Les liaisons "dangereuses" du FC Barcelone avec l’indépendantisme catalan

Hatem Kattou  | 04.10.2017 - Mıse À Jour : 04.10.2017
Les liaisons "dangereuses" du FC Barcelone avec l’indépendantisme catalan

France

AA / Paris / Patrick Juillard

Etendard mondialement connu de l’identité catalane, le FC Barcelone n’épouse pas pour autant clairement la cause de l’indépendantisme.

Les portes du FC Barcelone sont restées closes, mardi. Les joueurs des différentes équipes ne se sont pas entraînés et les locaux du club catalan et de la Masia, son centre de formation mondialement réputé, n’ont pas ouvert.

Au surlendemain du référendum d'autodétermination organisé dans la région contre l’avis de la justice espagnole, le FC Barcelone a décidé de suivre le mot d’ordre de grève générale, lancé pour dénoncer la répression du scrutin par les autorités espagnoles, dimanche.

Le même jour, le club aux couleurs blaugrana (bleu et grenat) avait déjà été rattrapé par l’actualité politique, brûlante, du moment. Le FC Barcelone avait d’abord tenté d’obtenir le report de son match contre Las Palmas auprès de la Liga espagnole. L’instance dirigeante avait alors refusé cette requête, tout en se réservant le droit d’y accéder en cas de demande de la police.

Divisés sur la question, les dirigeants du Barça avaient finalement opté pour une solution intermédiaire en disputant la rencontre à huis clos. Le résultat d’une consultation du vestiaire, selon la radio madrilène Cadena Ser. Pendant la partie, le tableau d’affichage du Camp Nou affichait le mot «Democracia».

«Nous sommes très préoccupés et très peinés par ce qui est en train de se passer et c’est pour cela que nous avons décidé, au lieu d’annuler le match – ce que nous voulions tous –, de le jouer de manière exceptionnelle, c’est-à-dire sans public et à huis clos, déclarait le président du Barça, Josep Bartomeu, au micro de BeIN Sports Espagne. Nous sommes très préoccupés par la situation et nous apportons notre soutien à tous ceux qui subissent ces entraves à la liberté d’expression.»

Après la rencontre, le défenseur Gerard Piqué, joueur ouvertement engagé en faveur de l’autodétermination, faisait lui aussi le lien entre les actualités sportive et politique. «Je suis fier du peuple catalan, c'était difficile de jouer car c'était la pire expérience de ma vie ce dimanche», réagissait le défenseur après la victoire face à Las Palmas (3-0).

Les déchirements se sont déplacés lundi à Las Rozas, centre d’entraînement de l’équipe nationale espagnole, dont fait partie Gerard Piqué. Le natif de Barcelone a eu droit à un traitement spécial. Sifflé, insulté (« Piqué, conn..., l'Espagne est ta nation », « Piqué, conn..., quitte la sélection »), le défenseur de 30 ans a même vu des banderoles affichées à son encontre. Par la suite retirées par la Guardia Civil, on pouvait y lire : « Piqué, je ne veux pas que tu t'en ailles, je veux que tu sois viré. Tu es dégoûtant. »

La veille, le joueur lui-même avait abordé la question de son avenir sous le maillot de la Roja. « Si un dirigeant ou la fédération pense que je suis un problème ou un poids pour la sélection, je suis prêt à me retirer », avait-il commenté, en larmes.

Qu’adviendra-t-il du FC Barcelone si la Catalogne poursuit dans le sens de la sécession, voire devient indépendante ?

En 2014, la Liga, par la voix de son président, le très légitimiste Javier Tebas, estimait que la loi du sport en vigueur en Espagne ne permettait pas à des clubs étrangers d’évoluer dans le pays, exceptées les équipes de la principauté d’Andorre. Etendard mondialement connu de l’identité catalane, le FC Barcelone pourrait-il dès lors évoluer ailleurs que dans un hypothétique championnat de Catalogne ?

Un tel retour aux sources – le Barça participa jusqu’en 1928 à un éphémère championnat catalan – serait synonyme de grosses pertes financières pour un club ayant établi sa légende grâce à la Liga, et en premier lieu des clasicos face au Real Madrid qui contribuent tant à son rayonnement.

Interrogé au sujet de l’avenir du FC Barcelone, le président Josep Bartomeu est resté dans le vague. « La question n’est pas d’actualité. En cas d'indépendance, nous devons discuter avec précaution », a indiqué le dirigeant, contesté par une partie des socios pour l’attitude jugée trop tiède du club à propos de l’indépendance. Car s’il a clairement pris position en faveur du référendum, au nom de la liberté d’expression, le FC Barcelone s’est bien gardé d’appeler à voter pour le « oui ».

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